jeudi 28 février 2008

Moi, ma vie, mes oeuvres

Comment interpréter le silence des usagers?

La première interprétation est tout à l'honneur de la Bibliographie nationale française : sa qualité est telle que l'usager en reste coi. L'usager ne dit rien car il n'a rien à redire.

La seconde hypothèse est légèrement différente. L'usager a bien quelques remarques à faire mais considère qu'il ne vaut pas la peine d'en faire part. Sa motivation est insuffisante, son intérêt personnel nul, le contact avec les services de la Bibliographie nationale française impersonnel, générique et asynchrone. Un détail bibliographique provoque rarement une bataille d'Hernani.

De plus, l'usager a bien intégré le fait qu'il s'agit d'un produit "en lecture seule". Autant un contenu peut libérer l'expression, autant une référence bibliographique en limite le champ...

Tout au fond est une question d'affect.

Est-il donc si étonnant que les seuls à prendre la parole soient ceux qui soient le plus impliqués émotionnellement, affectivement et même passionnellement et qui perçoivent sous la froide objectivité des données bibliographiques le sang, la sueur et le temps passé à réaliser un document?

Je veux bien sûr parler des auteurs, des éditeurs, des producteurs etc. pour qui la Bibliographie nationale française doit être un miroir, un beau miroir... une chambre d'enregistrement avant le Jugement dernier. Malheur au quatrième auteur d'un ouvrage collectif, qui échoue au bord du podium. La plus mauvaise place! Malheur à l'historien médiéviste qui voit son ouvrage sur l'importance de la magie relégué en compagnie d'ouvrages sur la voyance et l'horoscope...

L'ordre bibliographique n'est guère charitable envers l'ego. L'ego ne s'exprime pas, il crie...
On voit d'emblée l'écart vertigineux qui sépare la logique de la Bibliographie nationale française de celle qui caractérise les réseaux sociaux. D'un côté le moi est tenu en respect et renvoyé au besoin dans les cordes. De l'autre, on le gratifie de la place d'honneur, bien au centre du ring.

Aucun commentaire: