jeudi 13 mars 2008

Le bon grain et l'ivraie

Dans un article du Monde en date du 6 mars 2008 intitulé "Dépoussiérer les livres...", Régis Debray brocarde à juste titre les axes d'une commission "présidée par Marc Lévy, assisté de Paul-Loup Sulitzer et de Michel-Édouard Leclerc" dont celui qui consisterait à mettre fin au dépôt légal, institution désuète, pharaonique, inadaptée à la demande réelle du consommateur.

La fin du dépôt légal aurait automatiquement des répercussions sur la Bibliographie nationale française. Les défenseurs de ce produit auraient raison de s'insurger contre une limitation du dépôt obligatoire aux "meilleures ventes hebdomadaires de L'Express" (selon l'exemple goguenard de Régis Debray). Il ne manquerait pas de principes philosophiques, moraux, déontologiques pour étayer de justes protestations. Le dépôt légal est par nature constitué de bon grain et d'ivraie, point final. Le principe même du dépôt légal est le renoncement à toute forme de discrimination documentaire. Qui sait en effet si l'ivraie ne se métamorphosera pas sur le long terme en bon grain? L'intérêt d'un document ne se décrète pas dans l'ici et maintenant.

Ce qui est paradoxal, c'est qu'il est vraisemblable que les défenseurs de la Bibliographie nationale française tiennent à l'égard du web 2.0 le même discours que les adversaires du dépôt légal.
J'entends déjà la voix de ceux qui condamneront l'idée même d'une Bibliographie nationale 2.0 au nom de la nécessité impérieuse de séparer le bon grain de l'ivraie.

Voici ce que dit Andrew Keen des contenus générés par l'usager : "The more self-created content that gets dumped onto the Internet, the harder it becomes to distinguish the good from the bad."

L'ivraie serait bonne pour le dépôt légal, mauvaise pour le web 2.0.
Deux poids deux mesures?

Aucun commentaire: