mardi 11 mars 2008

Surprises, grandes et petites or what's in a parenthesis?

Découverte de la nouvelle page d'accueil de la Bibliothèque nationale de France.
La première impression est favorable. La couleur mauve, quelque peu sacerdotale, est égayée par un vert tendre et printanier et l'espace de la page est mieux occupé que ce n'était le cas par le passé. Moins de minimalisme et plus de centralité. On pressent qu'il y aura une partie fixe et une partie mobile réservée à l'actualité et à l'évenementiel.
Gallica 2 et le Salon du Livre sont manifestement mis en vedette.
Une animation vidéo et un nuage de tags, voilà peut-être une grande première pour le portail de la Bibliothèque nationale de France.
Le nuage de tags est-il un signe démontrant que l'esprit du Web 2.0 est en train de souffler sur l'institution? Une concession aux modes contemporaines?

Mais, on le sait, le diable est dans les détails. Notre regard de spectateur engagé finit par tomber sur la rubrique Rechercher au fond de laquelle figure la Bibliographie nationale française, affublée d'une énigmatique parenthèse : (pour les professionnels).

Difficile et sans doute vain de remonter aux origines de cet ajout un brin singulier. Professionnels de quoi, d'abord? Cette mention est suffisamment dissuasive pour écarter les étudiants ou enseignants chercheurs qui auraient eu la tentation de cliquer sur le lien. Allez voir ailleurs si la référence s'y trouve. La Bibliographie nationale française, c'est trop fort pour toi...

Il faudra donc au visiteur de la nouvelle page d'accueil une bonne dose d'esprit de contradiction pour passer outre cette restriction d'usage. Cette parenthèse est une façon de marquer le territoire. Les non-professionnels n'auraient pas tort de s'offusquer de cet usage apparemment réservé. La loi sur le dépôt légal envisage certes l'élaboration de la Bibliographie nationale française comme une contrepartie à la réception des documents mais ne prescrit nullement l'usage qui doit être fait de ce produit.

Quel besoin impérieux y a-t-il donc de tenir l'usager sinon à distance du moins en respect?
Une parenthèse, ce n'est pas grand-chose mais c'est déjà beaucoup (trop?) proportionnellement au contenu millimétré du portail d'une grande institution.

Cette parenthèse forme comme une exception, un îlot de résistance face à la nécessité, sans cesse affirmée de démocratiser l'accès aux services de bibliothèque. Cette parenthèse saute aux yeux comme le faux-nez au milieu de la figure car elle dit quelque chose comme : Touche pas à ma Bibliographie nationale. C'est pour les pros, uniquement les pros et donc tu n'as aucun droit de regard.
"
Si l'on s'en tient encore une fois à la stricte interprétation de la loi, la Bibliographie nationale française n'a pas de forme légalement prescrite et rien n'empêche a priori, en modifiant la forme de la Bibliographie nationale française, d'élargir la palette des usages. Est-il si difficile d'imaginer des usages non professionnels de ce produit?

En résumé, l'esprit du Web 2.0 (qui n'est pas toujours très sain, reconnaissons-le) souffle très inégalement sur les services de bibliothèque.

Le thème même de notre questionnaire ("La Bibliographie nationale française et vous") est en porte-à-faux avec le contenu de la parenthèse ("La Bibliographie nationale française pour nous et entre nous").

Une Bibliographie nationale française 2.0 ? : Over my dead body! , semble dire l'institution, sous couvert d'anonymat...

Sur ce dernier point on peut d'ailleurs renvoyer l'institution dos-à-dos avec les pratiques du web 2.0....

C'est pourquoi non contents de lire entre les lignes, il est important de lire ce qui figure à l'intérieur des parenthèses. Diabolicum perseverare?

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